La bête est morte !

Je la regarde disparaitre en me retenant difficilement de laisser éclater mon soulagement. Mais non. Un samouraï ne se laisse pas aller sans retenue devant le commun. Ce ne serait pas digne. Et les marins font de toute façon assez de bruit comme ça...

Ma victoire leur donne d'ailleurs assez de cœur au ventre pour qu'enfin, d'une dernière poussée vigoureuse, ils renvoient le navire dans le lit du fleuve. A bord, les mécanos relancent immédiatement les machines et les roues a aubes se mettent lentement à brasser l'eau pendant que les hommes s'empressent de sauter à bord. Me laissant dernier à terre, encore campé sur l'absence de cadavres du monstre qui a failli avoir ma peau.

-Messire samouraï ! Vite !

Tournant les talons je me mets a courir dans la boue vers le navire, chacun de mes pas laissant le bateau s'éloigner un peu plus de la rive boueuse, je dérape, glisse, et saute aussi loin que je peut vers les mains tendues des marins

Et alors que je m'écrase lourdement sur le pont, jambes pendantes dans le vide au dessus de l'eau et souffle coupé par le choc. Alors que les marins m'agrippent comme ils peuvent pour me hisser en sécurité, une douleur fulgurante me saisit soudain la jambe, me tirant en arrière vers l'eau.

Un ver ! Encore un !


Je ne dois qu'à la poignée de marins hurlants de ne pas passer par dessus bord et de sombre dans les eaux sales. Déja d'autres arrivent pour me retenir, tirant plus fort que la bête et nous hissant tout les deux sur le pont, moi agrippé à mon sabre et elle se tortillant derrière moi pour essayer de leur faire lâcher prise.
Le monstre est hissé sur le pont et le poids qui m'entraine se relâche assez pour que je me tourne, assenant au monstre qui mâche ma jambe un coup bâtard, tant je suis gêné par nos positions respectives.
La frappe ripe sur la chitine du monstre, lui zébrant un œil, pendant que d'une nouvelle bouchée et d'une nouvelle reptation il engloutit ma jambe jusqu'au genou.

Glissant ma lame contre ma cuisse je tente de lui fracasser la mâchoire d'un coup de pointe. Espérant ainsi lui faire lâcher prise, mais si ma lame lui traverse bien la bouche et surement une bonne partie de ce qui s'y trouve, je ne touche visiblement pas les bons muscles car la bête vient refermer ses crocs sur le haut de ma cuisse...

En désespoir de cause je saisis mon épée à deux mains par la lame et lui enfonce dans ce crane maintenant tout proche, le traversant jusqu’à sentir ma propre lame traverser ma jambe a l'intérieur du monstre et la remuant pour agrandir la blessure, cherchant le cerveau encore et encore jusqu’à ce que le ver se décide enfin à disparaitre !

Et que je puisse enfin m'écrouler sur le dos sur le pont trempé et meurtri...

Combat:

Avec les dégâts causés par l'échouage et le combat, nous ne naviguons qu'a très petite vitesse. Les pompes peinent à évacuer toute la flotte qui s'engouffre par le trou béant de la proue, et la destruction de la cabine de pilotage et des instruments de navigation obligent à contrôler le navire depuis la barre dans l'entrepont, ce qui occasionne d'importants délais de manœuvres.

Nous naviguons une bonne heure avant de retrouver les fanal qui balisent le chenal menant à Javikolm, et nous apercevoir qu'une boussole défectueuse nous a dérouté de plusieurs degrés, cause de notre dérive dans ce coin bourré de monstre...

J'hésite à engueuler sévèrement le responsable, mais à quoi bon ? Un samourai ne s'abaisse pas à maltraiter un subordonné sans raisons, et il est trop tard maintenant pour que ça change quoi que ce soit.

Je me borne à indiquer au capitaine qu'il doit réparer au plus vite et me faire prévenir dés que ce sera le cas. Je tiens a ne pas m'éterniser ici, et le voyage vers Manchukuo est encore long.

Et cela fait, je quitte lentement les lieux, m'assurant de ne pas afficher ma fatigue alors que je me traine vers les quartiers ou se trouvent l'ambassade de Manchukuo et ou j’espère rapidement trouver un endroit ou m'effondre dans l'intimité...

J'ai vu Javikolm, ça ne me plait pas trop.