Ce qui, il y a peu de temps encore, représentait une réalité factice et hostile abordait petit a petit la douce parure de l’habitude. Âme sel se levait dans une chambre désormais familière, et abordait ce qui, chaque jour un peu plus, prenait une forme de train train quotidien. Les contraintes de SAO Renaissance n’étaient pas les mêmes que dans le monde réel, et par bien des aspects, la vie se révélait même plus simple : pas de toilettes, de simples clics pour la nourriture, faire marcher les choses, les ranger… Même les combats contre les monstres devenaient plus ludiques qu’angoissant, maintenant que l’expérience était au rendez vous. Les Hamsters ne lui faisaient plus peur, et son arc devenait de plus en plus redoutable… ou était ce elle qui le devenait ? ~

Un croissant au bec, vêtu d’une chemise blanche et d’un short gris, elle arpentait les rues en direction des champs d’Opium comme si elle allait au supermarché. Et ca n’en était pas si loin, compte tenu de ses motivations : elle s’était renseignée sur les équipements permettant d’augmenter sa barre de vie, et elle avait pu constater qu’il lui manquait… encore deux yeux de Hamsters. Le soucis, c’est que le vendeur voulait de beaux yeux – et les bêtes des champs, consommant trop d’Opium, souffraient de sérieuses rougeurs. Elle aurait donc un peu de mal, peut être, à trouver son compte. Par contre, elle croulait sous les peaux de bêtes.

Enfin, elle trouverait bien une solution ! Son Arc était à deux doigts de monter franchement de niveau, et si elle s’enfonçait plus loin dans les zones de jeu, elle s’éloignerait de la ou les muridés faisaient leur réserve de drogues pour trouver, hmm, leurs nids. Un peu cruel comme méthode c’est vrai, mais après tout, ils étaient virtuels.  

Amsel c’était enfoncée plus loin que jamais au par avant au-delà des plantations, la ou les fermes se faisaient rares et taillis sec et quelques points derniers points d’eau éparts marquaient la limite avec le désert. Un cri retentit au dessus de la tête – forte des réflexes acquis au cours de ses expériences précédentes, la jeune femme se tassa dans les hautes herbes, les yeux rivés… sur les deux silhouettes d’oiseau qui parcouraient le ciel. Ils étaient énormes – et elle avait déjà eu affaire à eux. Les tourmenteurs. Mais deux, seule, c’était risqué. Et un vrai défi…
S’habituant a la peur de mourir, Lenore avait découvert dans cet univers les effets de l’adrénaline comme jamais au par avant – la sensation lui plaisait, et sa confiance en elle faisait le reste du travail. Même face au danger, elle se sentait intimement convaincue qu’elle pouvait y arriver, et qu’elle ne tomberait pas. Il fallait juste… Qu’elle devienne toujours plus forte, et que sa concentration soit constante. D’abord peur sur d’elle, elle était heureuse d’avoir opté pour l’arc – cet arme lui donnait un avantage indéniable : celui de la distance, et de la surprise. Mais elle savait combien ces oiseaux étaient rapides, et la partie ne serait pas gagnée d’avance.

Deux flèches fusèrent en direction des cieux. L’une d’entre elle rata son but : le premier des deux oiseaux. Et sa couverture tombait. Elle savait très bien que même mobilisée au maximum de ses capacités, se type d’ennemis représentaient encore un danger réel. Que trop. Âme Sel roula au sol alors que l’aigle énorme piquait, la ratant de justesse dans une gerbe de cailloux et de racines qui lui éraflèrent le visage. Un souffle. Celui la, elle pouvait l’avoir : deux flèches saignaient déjà son flanc, et celle ayant certes ratée son but avait abimée son aile. Le geste fut précis et rapide, ses yeux restaient rivés sur le deuxième oiseau. La première bête implosa.

L'autre arrivait...

L’impact fut brutal et sans pitié. Lui rappelant que la douleur, même dans le jeu, pouvait être réelle. Une flèche a la main, sans le temps tendre la corde et de décocher, la jeune femme improvisa. L’Arme vint se ficher profondément dans le cou de l’oiseau, qui poussa un cri strident. Amsel ne put s’empêcher de penser au craquement d’os, au giclement de sang qu’aurait provoqué cette situation dans un contexte réel. Une boule lui serrât la gorge, alors qu’elle profitait du mouvement de recul de la bête pour bondir sur ses pattes et prendre de la distance.
L’oiseau lui faisant face suffoquait. La encore, elle songeait à la violence d’un contexte réel… Mais seule la barre de vie du monstre témoignait du mal qu’elle avait commis – et c’était tant mieux, car ça lui permettait de faire preuve de sang froid. Tendant la corde, elle décochait.

Verdict:

Un peu secouée, la jeune femme regardait le vide laissé par la bête disparue. A sa place, elle voyait sa dépouille, ses ailes abimée, sa gorge déchirée et sanglante. Mais non, elle avait disparu… Comme un mauvais rêve. Oui, elle avait souvent fait des rêves de ce type, ces cauchemars où elle sentait un corps chaud se déchirer sous ses gestes désespérés, les os se tordre, le sang lui gicler sur le visage. Tout a coup, elle se sentait reconnaissante… Reconnaissante que ce jeux mortel ne soit qu’un jeux, et que les monstres qui leur faisaient face, des choses inexistantes. Et en même temps… Tuer un autre joueur serait aussi facile que tuer cet oiseau.
Irréaliste, sans conséquence, immatériel.
S’en était effrayant. Pas étonnant que les rumeurs de tueurs faisaient leur chemin. On pouvait s’y adonner sans scrupule, sans avoir a regarder en face la réalité de ses actes : quelle horreur.

Une paire de serres lui déchira l’épaule, ou du moins en lui donna la sensation. Amsel chutât sous le choc, brandissant son bouclier pour résister. Se retournant pour faire face à la menace : un troisième oiseau avait surgit, sans doute attiré par le cri de son congénère. A quel point ces IAs étaient elles développées ? Pouvaient elle ressentir ce qu’on assimilait a de la douleur, être attachées les unes ou autres ? Ou n’étaient-elles que des formes préconçues pour gémir quand on entamait leurs points de vie et attaquer en vous voyant ? Amsel en tout cas était humaine, réelle, et mortelle – et eux non. A partir de là, le choix était vite fait. Sa flèche perça l’aile de l’oiseau là ou elle savait qu’elle entamerait la chaire et ses capacités de vol. Elle savait qu’ainsi blessée, ces capacité de vol seraient entravées.
Mais l’oiseau était encore vif, et son bec tranchant. La jeune femme ne put éviter le coup de bec qu’elle lui prédestinait alors qu’elle reculait tant bien que mal, et avec précipitation, entre les herbes. Ses jets suivants furent fatals.

Verdict:

- Pour l’oiseau. Le souffle court, Amsel haletait désormais. Elle partait toujours avec autant d’enthousiasme, pour se retrouver, à un moment ou a un autre, dans cet état d’agitation anxieuse mêlée d’effroi. Sans doute cela ne changerait il pas de si tôt… Tant qu’elle ferait face à des IA en mesure de mettre sa vie en danger. Ces histoires de sang et de cruauté encore en tête, elle trouva refuge.

C’était une cavité dans la pierre, assimilable a une grotte, rappelant par sa pierre et l’ambiance qui y régnait la gorge ou elle avait fuit avec Tassili. A cela près qu’ici, l’antre était parfaite… Et le ciel distinguable que par son entrée. Le reste des lieux étaient plongé dans l’ombre – une noirceur certes angoissante, mais aussi une fraicheur bienvenue. Il faisait chaud, à Amyrabad. Le milieu du jour était encore proche, et le soleil tapait cruellement. Aujourd’hui plus encore que les autres jours, et ce n’était pas rien. Amsel maudissait ce temps et, à l’occasion, la fidélité de l’impression de chaleur transmise à son cerveau. Ramollie et éprouvée, elle prit le temps de se reposer. Et c’est après une brève sieste qu’elle fut réveillée par un bruit peu rassurant…

A peine éclairé par quelques faibles rayons rebondissant sur les parois rocheuses, quelque chose se muait dans l’obscurité. Alerte, Amsel se redressa lentement, l’arme toujours à la main. Elle pouvait… encore fuir. Une barre de vie s’affichant et un clignotement lui indiquèrent que non – C’était quoi, ce truc ? Il prenait mal la lumière, et demeurait tapit. Ni une ni deux, elle entama les festivités plutôt que permettre l’inverse. Sa flèche ricochât. « Qu ? »

La jeune femme recula vivement, alarmée par la situation. Son bouclier remplaçait son Arc. Elle essayait de mieux le distinguer – on ne lui avait jamais parlé de… ca. L’être apparaissait informe, constitué d’une matière qui rappelait la glaise. Sa flèche avait visiblement touchée une partie dure ; mais le bras qui se tendait lentement vers elle avait l’air moins rigide. Elle s’apprêtait à revenir sur son switch mue par la peur face à ta lenteur supposée, mais tu ne lui en laissât pas le temps : un pic de roche jaillissait du sol sous ses pieds.
Amsel gémit, s’adossant à la paroi rocheuse. Ce qui l’avait attaqué, justement, était sorti du sol. Un regard vers le cratère, un autre vers la pierre contre laquelle elle s’adossait : mais son réflexe ne suffit pas à lui épargner l’impact. Qu’est ce que c’était que son bordel ! On ne lui avait jamais parlé de monstre minéral, dans ces zones… Heureusement que son bouclier était au rendez vous – vraiment, il fallait qu’elle lui trouve u nom, pour la peine. Sa flèche fusa, atteignant cette fois ci sa cible. Il n’y eu qu’un petit grognement sourd, et ce son étouffé donnant l’impression qu’elles s’enfonçaient dans la terre. Au moins, la chose n’était pas très réactive… Et sa barre de vie était entamée au tiers. « Je ne sais pas encore ce que tu es, mais ca ne changera rien au résultat. » Elle allait te battre.

A nouveau tes bras de terres percèrent le sol et le mur, en même temps cette fois, Amsel parvint à éviter d’un nouveau bond en arrière. Sa concentration était suffisante maintenant pour ne pas se laisser déstabiliser ; et puis, tu étais gros. Elle avait l’arc toujours à la main, et elle était persuadée que tu ne lui échapperais pas. Tu avais eu l’avantage de la surprise, voila tout. Trois flèches, pour être sure. Lorsque tu disparus, tes polygones abordaient une couleur ambrée, et un petit item se mit à clignoter au sol.

La joueuse s’approcha prudemment, pour ouvrir la fenêtre concernant ce que tu avais laissé. Une boule de glaise de couleur cuivrée, sertie de bouts de pierre rigide. La fenêtre affichait « minerai commun ».

Verdict:

Âme Sel allait sortir de l'ombre lorsqu'elle s'immobilisa. Les rayons du soleil étaient encore forts, et à l'ombre du massif qui abritait son alcôve, un nouveau protagoniste était apparu. Il était grand et large. Sa silhouette, à la fois massive et élégante formait une large tâche marbrée devant elle. Elle avait entendu parler des tigres des environs - mais elle ne les avait pas imaginés ainsi. Face à sa prestance, elle n'avait pas envie de combattre - mais il lui barrait la route. Et un monstre de jeu restait un monstre de jeu, Tigre ou Hamster, l'issue serait la même. La jeune femme déglutit. Elle allait essayer malgré tout...
De le contourner. Les moustaches de la bête rémunèrent. Ses grandes pupilles de couleur ambre se posèrent sur elle : elle ne l’avait pas sous estimé, seulement espéré le laisser en paix. Il y eu un temps d'immobilité, long.

Et la bête se releva pour, retrouvant progressivement ses babines, montrer les crocs. L'envie d'attaquer manquait à la joueuse - elle n'eut donc pas le bénéfice de l'initiative.

Elle roula sous l'impact, se ressaisissant à moitié enfouie dans le sol et les herbes. La bête chargeait à nouveau, puissante et fougueuse malgré son âge que son pelage disait avancé. Elle roula encore, volontairement cette fois ci, l'esquivant de justesse. Un coup d'œil vers sa barre de vie lui avait redonné le sens des réalités. Des offensives, pourtant bloquées au bouclier, avaient suffit à l'envoyer à mi chemin vers le monde des morts. Le golem étrange auquel elle avait été confrontée dans la grotte avait pris le temps de lui rappeler qu'elle était dans un jeu. Toisant l'animal désormais, elle ne voyait plus que l´icône flottant à son coté.


Une flèche éventrant sa carotide ne suffirait pas. Il lui en faudrait... au moins 4. A en juger sa barre de vie qu'elle entamait d'un premier projectile. Le félin se tordit en un cri qui lui fit mal au cœur. Et pourtant, la douleur n'était pas réelle. Autant que la sienne était virtuelle. S'en rappelant de toutes ses forces, Âme Sel serrait les dents après avoir décoché sa seconde flèche, sentant distinctement les griffes de l'animal entamer ses jambes en deux longues rainures. La plaie pourtant, se présentait sous la forme d’une entaille grillagée plutôt que sanglante.
Dans la vie réelle, une telle blessure lui aurait sans doute valu une infection, la mort, et une douleur immédiate et insoutenable. Mais le contexte était autre, et elle pouvait tenir tête. Elle se redressait, évitait par là ses crocs, et alors que ses dents entamaient profondément ses lèvres, elle décochait deux nouvelles flèches. Celles ci se fichèrent dans le corps puissant en y formant une série d'épines qui lui arrachaient un gémissement de plus - mais elle n'avait d'yeux que pour sa barre de vie. Vivement, elle s’éloignait de lui, prenait de la distance.

La bête, au corps désormais endoloris à en croire ses mouvements, relevait sa tête massive vers elle. Son regard doré éveillait en elle une peur ancestrale, qu’elle devinait fidèle à celle des hommes qui l’ayant connu avaient fait de cette créature un dieu. Cette peur de mourir, contrastant avec la vive fascination suscitée par tant de beauté et de puissance… Amsel était aux bords du Styx.
Lorsqu’il bondit, elle roula une dernière fois sur le coté, s’écrasant au sol pour mieux compléter sa crête. Il éclata en laissant dans sa bouche un goût amer.

Âme Sel demeura au sol quelques temps…

De sang, de désemparement et de remords. La jeune fille regagna la ville à pas lestes, évitant tout mob, oubliant les yeux globuleux qui avaient motivés son voyage. A quoi bon ? Amyrabad profitait encore d’un soleil généreux, mais la motivation lui manquait cruellement. Elle s’échoua sur sa couche pour céder au sommeil.

Verdict:

Elle serrât l’étoffe contre elle. Son sommeil avait été bref et tourmenté – un vague à l’âme certain l’assaillait, aussi bien lié à ses « meurtres » de la journée qu’à leur enfermement. Mais la barre de vie de l’objet entre ses mains (certes énorme), et les souvenirs du maitre du jeu ce jour là, lui rappelaient … qu’elle ne devait pas se laisser abattre par tout ca.
La fourrure était celle du tigre – pâle et terne. Légèrement amochée en un point, très certainement par la pointe de l’une de ses flèches. Bien que reconnaissantes de ne pas avoir eu à l’écorcher de ses mains, elle était heureuse de tenir entre celles-ci quelque chose de « réel ». Pas la fourrure de n’importe quel tigre, rousse et flambant neuve comme produite industriellement, mais bien une parure semblable à celle de son adversaire. Ce n’était pas un œil globuleux, mais elle en prendrait soin.
Comme un souvenir, comme un point clef dans sa progression.

Quelque soit la créature qu’elle mettrait à mort dans ce jeux, aussi grandiose fut elle, elle ne serait jamais plus qu’une série de codes. Même un Dragon, même un dieu… Là ou les humains, les PJs, portaient en eux de vraies vies. Elle repensait à cette jeune fille qu’elle avait rencontrée au temple, à Mankuchuo, après l’annonce. S’il fallait finir le jeu, c’était pour des personnes comme elle… Pour la délivrer, pour qu’elle ne vive pas étreinte par la peur et la contrainte. Comparée à sa vie, celle de ce Tigre n’était rien. Elle levait la peau striée devant elle et se répétait cette phrase : elle n’était rien.

Et si elle voulait aller de l’avant et peut être sauver des gens comme cette jeune fille, il fallait qu’elle avance. Qu’elle progresse dans le jeu, qu’elle se plie aux règles, qu’elle passe les niveaux. Et pour ca, il lui fallait…. Survivre. En d’autres termes, plus de vie – des yeux globuleux.

Lenore se redressa sur sa couche, regardant par la fenêtre. Il faisait sombre désormais – attaquer un nid de rongeur ? C’est l’idée qu’elle avait eu en tête à son départ ce matin. Elle l’avait assumé avec maladresse, acceptant mal la perspective de mettre à mort des petits et leur mère, au sein même de leur couche. Mais désormais, elle cernait l’absurdité de ses réticences… Et elle n’y cèderait pas plus longtemps.
L’archère rangea la précieuse fourrure dans son inventaire, jeta un œil à ses statistiques. À en croire son profil, elle avait développé de nouvelles compétences… Sans trop savoir ce que cela voulait dire exactement, elle esquissa un léger sourire. Au moins, tout cela n’avait pas été vain.

|| Hamster(s).

« Vos vies n’ont pas la valeur des nôtres. » Une phrase affreuse qu’elle énonçait à voix haute alors qu’elle décochait ses flèches sur le bébé. Profondément percé par les deux projectiles, il éclatait, réveillant par sa mort ses parents. Lenore se retournait pour leur faire face. Deux Hamsters – qui plus est en colère et orphelin de leur enfant. Elle savait que ce ne serait pas une mince affaire. Mais après ce qu’elle avait vécu plus tôt dans la journée, ce serait un jeu d’enfant.

La lune était haute dans le ciel – elle avait finalement trouvé le nid de rongeurs dans un épais taillis, repérable aux restes de graines, de branches, et aux grosses petites crottes rondes. Là, seule une petite famille séjournait, protégeant en son sein un jouvenceau. Quelle utilité dans un jeux vidéo ? Bonne question – proposer un adversaire de moindre envergure, peut être. Le choix avait été cruel et déraisonnable – mais Âme Sel voulait savoir jusqu’où iraient les IAs.
Et elle avait une partie de sa réponse : elles avaient l’air en colère. De manière préconçue certes, mais en colère tout de même. La jeune femme recula vivement, évitant par là la première offensive du père. Ses mouvements étaient encore lents et imprécis, embrumés par ce qui ressemblait à un simulacre de sommeil. Les mouvements de ses griffes furent aisés à éviter, son approche lente à distancer. La mère, par contre, plus grosse et plus vive que son conjoint l’atteint de ses griffes – l’archère ne perdit pas son sang froid ; les sensations atténuées qu’elle avait ressentirent face au tigre en tête. Avec de la force de caractère, la douleur devenait feutrée.

Sur Sword Art Online renaissance, ses réflexes et ses capacités physiques étaient décuplés : elle en avait de plus en plus conscience. L’arc à la main, filant à travers les herbes, elle s’éloignait en courant sachant que la survivante l’avait désormais « aggro ». Elle entendait son souffle court et saccadé typique de son espèce, ses pattes fines et griffues racler la terre. La joueuse se retourna pour lui faire face, décocher une flèche au cœur. La bête se tordit un instant, suffisant pour une seconde flèche.

Mais le mâle était encore vivant – certes plus lent, il arrivait. Et il présentait des muscles robustes et saillants. Encore en pleine forme et plus réveillé désormais, il se dressait face à la jeune femme, qui se tenait prête. La corde bandée, la flèche pointée sur sa tête, elle décochait à l’instant ou il bondissait sur elle. Déstabilisé dans son mouvement, il ratait sa cible. Et raclait profondément son bras plutôt que sa tête, qu’il avait visé en premier lieu. Amsel faiblissant, commençant a percevoir une souffrance réelle – le jeu était conçu pour alerter ses prisonniers de leurs faiblesses. Ça commençait à être juste.
Elle reculait à nouveau, et décochait sur le père se redressant vers elle.

Verdict:

Évidemment, les yeux du petit étaient intacts et brillants de qualité – en ca, le jeu faisait preuve d’un certain réalisme. Les lèvres d’Âme Sel s’étiraient d’un sourire : pour ca, elle n’avait pas de regret. Et s’il fallait viser des jeunes, c’est ce qu’elle ferait… En trouvant d’autres nids.

Se redressant, elle quittait calmement les lieux pour regagner l’abri des herbes. La map était déserte. Les PJs, PNJs comme les monstres se faisaient discrets comme des ombres, et il régnait sur les abords du désert un calme profond, habité seulement par le fond sonore des plantations d’Opium… Car Amsel doutait fort de la présence réelle de petits insectes et de tout un microcosme entre les plans et les sillons de terre, origine d’un tel bruit ambiant. Seule la brise était perceptible – et elle portait avec elle l’odeur, légère mais âcre, du poil de rongeur.

L’arc à la main, l’archère espérait avoir trouvé le filon qu’elle recherchait. Mais une progression de quelques dizaines de mètres lui révéla la véritable tournure des évènements : le porteur de cette odeur familière n’était autre qu’un Hamster réveillé , qui avait selon toute vraisemblance décidé de s’adonner à une petite balade nocturne. Ou cherchait les toilettes, peut être. S’arrêtant net, elle l’observait quelques instants. Sa petite truffe géante frémissait et humait l’air, mais c’était lui qui était dans le vent. Ses bajoues, vides, lui donnait l’air un peu plus intelligent qu’une grande part de ses pairs qu’il lui avait été donné d’affronter. Lentement, elle relevait son arc et sa flèche dans sa direction. L’animal posait par moments ses courtes pattes avant au sol, semblait plutôt alerte. Sans doute faudrait il l’enchainer vite si elle ne voulait pas que ca tourne au vinaigre… Mais au moins, il était seul.
Le projectile traversa les airs pour s’enfoncer entre deux touffes d’herbes : le muridé avait filé. Âme sel fit rapidement un tour sur elle-même, alerte à son tour. Il avait donc repéré sa présence ? Ou avait il simplement eu de la chance ? Va savoir, mais une vague anxiété lui montait au ventre ; elle switchait. Patience à la main (ce surnom, finalement, lui restait un peu et ne lui déplaisait pas.), prête à en découdre. Peut être n’avait il fait, pourtant, que fuir – elle était sur le point de s’en convaincre lorsqu’il lui bondit dessus.

Relevant vivement son bouclier, elle s’épargnait l’entame de ses crocs, qui produisirent sur celui-ci un bruit strident mais pas d’éraflures. La bête ne se laissait pas affecter - ses petites oreilles frémissaient, tout crocs dehors elle continuait à s'acharner sur Patience sans laisser à Amsel le loisir de lui échapper. L'Archère se retrouvait contrainte à jongler avec le Hamster, anticipant ses coups pour parer à tour de rôles ses griffes, ses incisives, ses griffes... Et tout a coup, patience s’illuminait.
Âme Sel repensait à cet histoire de skill qu’elle avait survolé du regard – si ses déductions étaient bonnes… D’un mouvement brusque vers lui elle se défaisait du contact de l’animal, pour mieux filer en arrière. Son bouclier dans sa main était léger, et elle ne ressentait plus la gêne qui l’avait maintenu disons, automatiquement immobile lorsqu’elle l’utilisait jusqu’alors. Prenant de la distance, elle gagnait aussi en sécurité et en temps précieux pour revenir à son arc – il faudrait lui trouver un nom, à lui aussi. Mais elle se prendrait plus de temps pour y réfléchir…

L’animal contrarié tournait son épaisse tête ronde vers elle, les yeux luisant à la lueur de la lune. Amsel ne pût s’empêcher de ressentir, face à ce regard, une vague angoisse. Pourtant, elle connaissait bien les Hamsters désormais. Était ce possible que celui-ci ai une IA plus développée ? Peu probable, et qu’importe. Elle prenait en main deux de ses flèches, les armait – il eu tout juste le temps de se précipiter vers elle une fois de plus pour l’assaillir, mais pas de l’atteindre.

Et les polygones qui le constituaient se mirent à flotter doucement dans le ciel nocturne, reflétant la pâleur de la lune.

Verdict:

Il y avait la peur du noir, et la peur du Hamster – pensait elle avec amusement, en se remémorant pour la première fois l’un de ces bouquins pour enfant, chair de poule, ou l’un d’entre eux mettait justement en scène un Hamsters ayant muté et étant devenu énorme et sanguinaire. Peut être les concepteurs l’avaient ils aussi lus petits, qui sait … ? Peu probable tout de même. Á moins d’être français, et encore. Elle inspectait calmement ce qu’avait laissé l’animal derrière lui, et marchait dans la direction ou il lui était d’abord apparu. Les sillons dans les herbes témoignaient de son cheminement. Et peut être, en les suivant, trouverait elle le terrier des petites bêtes.

Le bon filon – c’est bien là ce qu’elle avait trouvé, vu que les traces menaient tout droit à un large terrier. Pas négligeable, la taille d’un trou de ces hamsters. Se penchant prudemment, elle tendait l’oreille pour voir si un quelconque bruit provenait de l’intérieur… Mais tout était calme, et les parois ne lui rapportaient que des bruits de respirations tranquilles. Que faire ? Elle pensait à ses techniques de chasseur consistant à enfumer les terriers – mais elle n’avait aucune idée de ce qu’il y avait là dedans, et prenait donc un risque en les réveillant. Mais s’introduire directement dans l’entre de la bête … ? A pas extrêmement prudents, elle s’y enfonçait.

L’air était dense et chargé d’odeurs, la respiration difficile. La pénombre certaine, et elle n’osait pas très allumer de vive lumière. Se contentant d’ouvrir l’une des plus petites fenêtres de son menu, elle se contentait de son éclairage : pour découvrir… au moins, 4, non, bien 5 Hamsters. La jeune femme retint son souffle… Était elle-même en mesure de les avoir ? Elle s’accordait le bénéfice du doute. Mais c’était ce qu’elle était venue chercher, après tout. Alors…
Ses yeux s’illuminèrent d’un feu bleuté propre à l’Overdrive. Cette sorcellerie maximiserait ses chances de réussite. La respiration toujours très basse, extrêmement calme, elle levait son arc pour viser le plus proche des Hamsters. Que ferait-elle ensuite ? Réduire leur nombre, c’était la première nécessité. Elle songeait à switcher pour le bouclier et partir en courant fissa après ces deux flèches – mais elle ne savait pas combien se lèveraient pour la traquer, ni même s’ils allaient réagir. Pourtant, tout se jouait là : au moment où ils réagiraient – et elle se sentait défavorisée dans cet endroit. Elle n’y voyait goute, le sol était glissant, c’était leur territoire. Le seul avantage qu’il lui offrait était ce corridor.

Tant pis.

Les deux flèches se fichèrent dans la chair de la bête avec un son feutré. Sa barre de vie apparu, baissa, disparut : et elle éclatait dans une couinement rauque. Il y eu des remous parmi les rongeurs endormis. Et l’un d’entre eux, le nouveau plus proche auquel les polygones venaient d’éclater au visage se redressa. Les deux billes noires qui lui servaient d’yeux reflétaient les débris de son camarade. Il les posait sur Âme Sel – et se précipiter.

L’archère vit son rythme cardiaque augmenter à toute allure, alors que le Hamster se redressant semblait se gonfler, devenir énorme, remplir à peu près tout ce qu’elle voyait de l’entre en poussant un cri qui les fit tout remuer. Des petits couinements s’élevaient. Amsel reculait vivement, les yeux rivés sur lui, s’armant d’autres flèches. La tête énorme du Hamster parut obstruer toute la bouche qui menait à la sortie, les yeux exorbités, les babines salivantes. Ses incisives se refermèrent sur la jambe d’Âme Sel avec violence, manquant de lui faire perdre l’équilibre : elle se cramponnait à son arc. L’éclairage rendait la scène stupéfiante d’effroi – le tir s’engouffra dans son globe oculaire, lui arrachant un couinement strident.
Le membre massif se rétractait sur lui-même, se tordait, reculait. Libérant sa jambe. Comme il obstruait la sortie, elle se précipitait en arrière pour regagner les herbes, forte de ce temps mort. Les autres n’avaient pas le temps de sortir tout de suite…


A nouveau, elle se retournait pour faire face. La flèche accolée contre le corps de son arc dans sa main brillait depuis tout a l’heure. Le cœur lui battait aux tempes, et son souffle était court d’anxiété. Les uns après les autres, elle les vit se frayer un chemin hors du terrier, guidés par celui dont elle avait percé l’œil, ou trônait toujours sa flèche. Les silhouettes massives, aux mouvements encore englués par le sommeil, se redressaient. Il n’y en avait ni trois, ni quatre : mais 5.

Toute son attention était happée par la flèche lumineuse entre ses mains. Un petit phare aux yeux de ses adversaires pourtant si mal voyant, mais aussi son dernier espoir : elle tentait le tout pour le tout, levait les bras. Tirer vers le ciel, et faire confiance à la flèche.

Une vague d’énergie envahie son corps, plus forte encore que celle de l’Overdrive… Elle sentait que ca chargeait. Et décocha.

Une pluie argentée de projectiles s’abattit sur les monstres, les striant de toute part. Les Hamsters hoquetèrent, se mirent à s’effondrer lentement, pour éclater.

Verdict:

Ils étaient tous tombés morts sous un unique coup : 5 Hamsters. La pression retomba, un sourire franc illumina le visage d’Âme Sel. Elle avait quand même eu droit à un coup de frousse, entre ceux là et celui de tout à l’heure. Puis, il y eu un nouveau bruit.

La jeune femme se retourna vivement pour en voir l’origine. A sa gauche, deux autres silhouettes sombres se redressaient. Il devait y avoir un autre terrier non loin, et les cris les avait réveillés. L’arme toujours à la main, elle décocha sans aucune hésitation. Trois flèches : deux se fichèrent entre les poils de l’animal qui avait été sa cible principale, la troisième n’eut pas tant de chance. Le muridé voyant son compagnon tomber et le projectile arriver le repoussa d’un coup de patte. Oh oh ! ~ A croire que les Hamsters de la nuit étaient plus redoutables.

Mais franchement, elle ne le sentait pas trop mal.

Elle balayait les environs du regard, et ne vit d’abord rien, comme tout a l’heure. Mais cette fois ci, elle ne se ferait pas avoir. Un mouvement dans les herbes à droite – Son arc se bandait, elle était prête à tirer sans la moindre hésitation vers la tache sombre qu’elle distinguait entre les herbes. Après tout, ils étaient gros, grands, larges et difficiles à rater. Et celui-ci était suffisamment près – mais c’était sans compter l’inattendu.

Ou plutôt, l’inespéré, au sens premier du terme. Le muridé surgit, fabuleux sous les rayons de la lune. Ni entendu, ni présagé – apôtre de la mort sur ces terres désolées. Plus épais que le premier, il lui tombait dessus. Réagissant immédiatement mais honteuse de ne l’avoir remarqué plus tôt, elle changeait pour patience. Et s’écrasait sous le bouclier. Le son des griffes teintait sur le métal, résonnant dans les plantations. Contrainte, Amsel ne pouvait évidement éviter l’assaut de sa cible précédente - qui bondissant à son tour les babines étincelantes profitait des renforts. Si elle avait été un Hamster dans cette situation, Amsel en aurait fait de même. La femelle (s’en était une, à croire un bouton rose qu’elle vit dépasser de sa fourrure épaisse sur le ventre désormais bien trop près de son nez) lui écorcha le visage, entamait ses flanc de ses griffes. Grognant, la jeune femme voyait ses voies de retraites coupées et ployait sous le poids des deux grosses bêtes. Impossible de changer d’arme pour l’heure, elle se faisait tout petite sous son bouclier – qui était, après tout, de taille décente. Mais elle ne pourrait tenir longtemps comme ça…

Alors, elle attendait le bon moment. Le nom de son arme prenait là tout son sens : les deux s’essoufflaient sur l'écu, furieux. En fait, les Hamsters à l’état sauvage devaient être comme des rats… des animaux nocturnes, qui chassaient la nuit. D’où leur vitalité subite, doublée de hargne. Il y eu une respiration – tout les deux considéraient un instant le petit carré brillant sur lequel ils s’acharnaient. Parfaite pour filer.
D’une roulade façon Zelda, Âme Sel se portait hors de portée. Hors de question de continuer comme ça ! Elle s’éloignait autant que possible, changeait d’arme, choppait quatre flèches avec la ferme intention de les abattre l’un après l’autre. Et là… Elle les vit.

Les deux rongeurs avaient toujours l’air aussi hargneux, et posaient ensemble sur elle leurs petits yeux torves. En les voyant caqueter nerveusement, elle comprit que les affronter ensemble « à la loyale » risquait de la mettre en péril. Trois de ses flèches disparurent : elle était acculée.

La pluie s’abattit une seconde fois, mettant fin à la Nuit des Hamsters.

Verdict: