Nyt approcherait bientôt des marécages d’Âprefange. Il n’avait pas à avoir peur. Il allait commencer par les bases, même malgré un léger retard. Certains étaient déjà partis en avant, il restait là, aux bas niveaux, à apprendre ce qui allait lui permettre de survivre. Ou plutôt allait-il mettre en pratique ce qu’il avait pu observer jusqu’alors. Le temps n’était plus à l’œil, mais bien au bras. Son épée était contre sa cuisse, battant au rythme de sa marche, dans une étreinte rassurante.

Il aperçut les marais, qui se dessinaient maintenant face à lui, alors qu’il tentait quelque progression. Qu’allait-il faire par la suite ? Un farming intensif ? Il lui faudrait bien, par la suite, développer quelques relations amicales afin de ne pas se trouver tout seul. Mais cette question ne se poserait que plus tard. Si quelqu’un pouvait vouloir de lui, il lui fallait un niveau optimal.

Et l’équipement ? Il faudrait qu’il regarde ça plus tard. Mais pour le moment, il n’était pas question de faire marche arrière, même pour regarder ce qui lui fallait. Il ne devait pas entamer sa détermination. Il lui fallait toute sa détermination pour avancer. Soudain, alors que son pied entrait dans la boue, un bruit, à sa gauche, le fit réagir. Il tourna la tête à s’en déboîter le cou, pour ne finalement apercevoir qu’un oiseau. Mais il restait sur ses gardes, on ne pouvait se fier à rien, dans cet univers.

Le temps ne passait pas plus vite que ça, atteignant les contrées dorées du crépuscule alors qu’il estimait son temps de recherche à plusieurs heures. Peut-être était-ce son impatience qui lui faisait voir les choses de cette manière. Toujours est-il qu’il marcha, marcha, marcha, enchaînant les fausses frayeurs et les déceptions, alors que son courage et sa crédulité venaient à lui manquer.

C’est alors qu’il entendit un énième bruit, dans la flore environnante. Il n’avait rien à perdre à suivre ce son, qui le mena sur une longue course. Il se sentait s’enfoncer dans les broussailles, s’éloigner de la ville encore et encore. Sa main droite tenait fermement son épée, prête à dégainer à nouveau le fil de métal brillant qui dormait encore dans son fourreau.

Alors qu’il estimait devoir faire demi-tour et engageait son mouvement, la poursuite s’inversa. Il était maintenant la proie, et se dirigeait le plus vite possible en direction de la ville pour éviter d’ameuter plus de monde. Ou plutôt plus de monstres. Alors que les traits de celle-ci se dessinaient, il fit volte-face, et tira son arme, garde levée, au-dessus de la tête, en défensive.

« Bon, c’est parti. »

Une créature tout droit sortie d’un film d’horreur se dressait devant Nyt. Elle faisait bien une taille non naturelle, des proportions ridiculement grandes pour l’animal qui avait dû être utilisé pour la base de ce monstre. Une sangsue. Oui, c’était ça, son premier adversaire : une sangsue. Elle n’avait pas l’air commode, et absolument pas appétissante.

Il n’avait plus qu’à brandir son arme et à l’exterminer, à présent. Ses mains tremblaient, mais le calme le reprit alors que la bête se préparait à attaquer. Mais Vincent n’avait pas encore un contrôle complet de sa peur dans ce genre de situation où l’on sait que la moindre erreur peut coûter la vie. C’est ainsi qu’il faiblit alors que le coup de la sangsue l’atteignait à l’épaule gauche, alors qu’il tentait, vainement, d’esquiver un peu trop tard.

L’animal se retrouva quelques pas plus loin, prêt à prendre un nouvel élan pour attaquer sa cible, mais cette fois, l’épée à la main, cette fois ferme et déterminée, le jeune homme ne pouvait pas échouer. Alors que l’immonde invertébré plongeait pour tenter de l’avoir par le dessous, ce premier exécuta un saut et chercha son corps avec sa lame. Le coup aurait sans doute été apprécié s’il avait atteint sa cible, alors qu’il n’échouait que maladroitement dans l’eau boueuse.

« Et mince ! »

Il n’avait pu porter son épée à la gorge – ou du moins au corps – de la bête. Au moins avait-il été capable d’esquiver, ce qui le mettait au moins en confiance pour sa sécurité. Il fit face à la sangsue, sans pour autant pouvoir la regarder réellement. On ne pouvait l’en blâmer, il faut dire que rien n’en était agréable à regarder. Mais il restait encore à faire.

Nyt serra les poings, il n’allait tout de même pas se faire avoir par une anguille. Non, hors de question ! Alors que se plissait le corps de la créature, il fit ce qui lui était sûrement plus bénéfique que l’attaque : à nouveau, il préféra l’esquive, se réfugiant sur les flancs de l’animal, qui se tournait sans cesse dans l’espoir d’une faiblesse dans la défense du garçon.

Mais elle n’en trouva pas, à si courte distance. Elle avait beau ne pas posséder d’os, elle ne pouvait pas faire un tour sur elle-même assez vite tout en bondissant pour l’avoir de vitesse. Si bien qu’elle dû se résoudre à un assaut qui ne fut que plus simple à éviter pour l’escrimeur. A présent, il allait tenter de tourner le combat en sa faveur, bien qu’étant dans un léger désavantage quant aux points de vie, alors que ceux de son ennemie s’en affichaient encore complets.

« Deuxième round, à mon tour. »

Résumé des actions:

Cette fois, Nyt allait prendre l’avantage, se rappelant d’un outil qui pourrait bien lui faciliter la tâche. En effet, dans S.A.O. : Renaissance était disponible un certain pouvoir : l’Overdrive. Celle-ci accroissait les capacités, si bien qu’ainsi, il pourrait gagner le dessus sur son adversaire et le défaire plus aisément. Ainsi, en quelques secondes, ce fut fait : il était prêt. Il reprit une pose, cette fois offensive, lame devant lui, à une verticale légèrement inclinée.

« Come on ! »

Alors que la créature s’élançait à nouveau sur lui, le jeune homme effectua un pas de côté pour l’esquiver, puis contre-attaqua d’un coup porté au flanc. Une rainure rouge se traça sur le corps flasque et gluant du monstre, qui prit un léger mouvement de recul. Le regard de Nyt ne fixait que celui de son opposante, bien qu’elle ne fût qu’un amas de données, par signe de défi.

La danse continua dans les marais, alors que la bête s’entêtait à attaquer, par deux fois, tentant de prendre de vitesse le jeune homme, qui n’eut pas vraiment de mal à éviter les attaques du parasite géant. Ses capacités le mettaient en confiance, si bien qu’il en tirait une volonté et une maîtrise de soi qui ne pouvaient que le faire progresser dans la victoire sur la sangsue.

Mais ces pas n’étaient en rien terminés, et l’adolescent n’en aurait pas fini avec son adversaire tant que celui-ci serait en vie. Il observait encore la chose, qui ne tendait à rien de plus que l’attaquer, l’attaquer encore, tenter de lui infliger une blessure plus ou moins fatale. Chacun de ses coups étaient pourtant anticipés par Vincent, qui n’avait que vite cerné le rythme et le type des attaques de la créature.

Tout volait au même tempo, dans l’esquive ininterrompu de Nyt et une unique attaque à la fin du mouvement, d’une poigne de fer sur sa lame miroitant les lueurs d’or à l’approche de la nuit. Eviter, éviter, éviter, attaquer, éviter. Ce mécanisme était gravé dans la tête du garçon, répété avec quelques variations. L’A.I. était simple, basique, et ne présentait pas vraiment de signe d’originalité.

Au fur et à mesure du combat, Nyt se sentait plus à l’aise avec sa lame, dans ses poses, ses mouvements. Bien qu’il n’ait pas atteint un haut niveau pour autant, il se sentait plus fiable. Mais il commençait à s’épuiser, ses forces étaient entamées. Il devait convenir à un achèvement de son adversaire, s’il voulait tenter un nouvel affrontement par la suite. Mais alors que son esprit était embrumé par sa réflexion, il ne vit le coup venir qu’alors que la queue de la sangsue allait lui faucher les jambes.

« Chier ! »

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Le coup le prit par surprise, lui fauchant les jambes. Il perdit l’équilibre et tomba au sol, dans une mélasse bouseuse et malodorante, la sangsue au-dessus de sa tête. C’en était trop ! Il allait définitivement mettre un terme à tout cela. La vie de l’animal était considérablement engagée, il n’avait plus qu’à terminer ce qu’il avait commencé. La tête de la créature vint se planter à deux doigts de sa tête, alors qu’il évitait un coup qui lui aurait été fatal, alors que lui-même se relevait, lame à la main, prêt à en découdre.

Le sabre était face à la bête, à l’horizontal, pour parer toute attaque en direction du torse. La prochaine vint pourtant vers son visage, de la base caudale de l’invertébré. Le jeune homme n’eut pas de mal à l’éviter, et porta un coup à la fameuse queue de l’annélide, qui se replia alors vite en direction de son tronc. C’était la balle de match, le coup final dans le combat, qui n’appartenait qu’à lui et à sa compagne brillant dans les dernières couleurs du jour.

Il passa alors à un style plus offensif, dont il avait vu les bases dans bien des œuvres et qu’il avait travaillé au fil des jeux – physiques – et de son temps libre. Son sabre était garde en arrière et lame vers l’avant, tranchant sur le haut, selon une orientation plongeante. Le coup allait être chirurgical, précis, ou du moins, s’il le réussissait. Son regard se faisait plus perçant, plus concentré, toujours plus déterminé.

Il ne fit que trois pas, trois mouvements pour achever la bête. Contrairement à un coup d’estocade attendu, son attaque consista à s’avancer, pour, à la rencontre de la sangsue, pivoter sur 360° et asséner un coup latéral à la créature. L’effet ne s’en fit pas attendre : la créature disparu dans un nuage de pixels, alors que s’effaçait sa barre d’état. Le combat était clos.

Mais alors que Nyt venait à observer les loots laissés par sa victime, un bruit se fit entendre dans les broussailles, à deux pas. Sa main armée se raffermit sur le manche, alors que ses jambes se replaçaient pour réagir à toute forme d’engagement de la part de l’invisible entité. Il n’allait pas prendre d’attaque de plus aujourd’hui, ça non !

Il sentait la tension se faire, dans les méandres boueux et visqueux de cet environnement hostile. Le ciel virait à un bleu marine indiquant il lui valait mieux en finir rapidement pour regagner l’auberge, sans quoi il serait dans un certain embarras. Le temps était à une chose : l’annihilation.

« Et c’est reparti pour un tour. »

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Un rat, c’était un rat qui se dressait devant lui, à présent. Après l’invertébrée visqueuse, voici la vermine tout droit venue des égouts. Il ne pouvait rien lui laisser d’une initiative ou d’un engagement. Il devait faire vite, sans quoi il n’en retournerait pas en bon état jusqu’à la ville, par l’heure qui commençait à courir. Nyt se mit en position de défense, cependant, pour ne pas se faire avoir par surprise et observer le style de combat du mob qui lui faisait face.

Ce dernier semblait opter pour la vitesse, attaquant de front, dans une frappe verticale descendante, au niveau de la tête du jeune garçon, qui évita, non de justesse, par son souci de prudence et de prévention. Mais cette créature-ci semblait plus agile que la précédente, si bien qu’il ne put pas s’échapper du deuxième coup, qui l’atteignit à la joue.

« Aoutch ! »

A présent, il reprenait son regard critique des choses : ce Nezumi le battait de vitesse. Il devait donc lui porter le plus de coup possible avant que sa barre de vie ne tombe à zéro, sans quoi, plus de problème, il ne serait lui-même plus. Sans doute son adversaire rongeur pouvait-il tenir le rythme, mais il n’en pensait pas tant de lui-même, au vu de son état. Il ne lui restait que la moitié de sa santé, il devait en finir vite.

Mais l’animal ne lui laissa pas de répit. Encore une fois, Nyt esquiva le premier assaut, mais ne put suivre les deux suivants, qui ne lui laissaient plus qu’un tiers de sa vie, qui signalait un jaune dangereux. Alors qu’il estimait plus sûr d’éviter totalement la prochaine salve, celle-ci ne se fit pas attendre, sur un même schéma, alors que l’animal lui infligeait deux coups de plus.

Le rouge se voyait à la vie de Nyt, qui se trouvait dangereusement proche de la limite. Allait-il mourir ici, après deux pauvres combats contre de simples monstres ? Ca non, il ne s’y résoudrait pas ! Alors que sa chute sur le matelas boueux s’avérait inéluctable, le jeune homme prit un élan pour parvenir à taillader le flanc du rat.  Non, jamais n’oserait-il périr ici alors que tant l’attendait encore. Hors de question !

Vincent se releva d’un coup sec, alors que le Nezumi reprenait sa charge, prêt à lui retirer jusqu’à son dernier point de vie. Mais cette accumulation de données, d’algorithmes et de paramètres ne pouvait pas prévoir ce qui l’attendait. Le garçon attrapa son sabre par une main, dans un style retourné, laissant la lame courir dans le même espace que son bras. Elle n’en était plus l’extension, mais elle était le bras lui-même.

L’adolescent para avec facilité le premier coup de l’enchaînement porté par le mob, mais lorsque celui-ci revint à la charge par l’arrière, l’épée entra dans son champ de compétence. La lame, retournée vers l’assaillant, l’entailla au niveau du bras. Coupé dans son élan, celui-ci ne put en rien s’esquiver aux attaques enchaînées par son ancienne proie, qui en était devenue le chasseur. A présent, de désillusion, son corps éclata pour rejoindre le système.

« Eh ben. J’ai encore des progrès à faire. »

Il n’était plus question de s’attarder ici, à présent. Il fallait rentrer, et vite, pour récupérer. Le jeune homme ne se fit pas prier, et, essoufflé, ramassa son peu de loot, et détala discrètement en direction de la ville. Il avait fait un petit pas dans sa quête de liberté. Un petit pas pour lui, mais le premier d’une longue marche.

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